Méditation et action

 

Du non-agir jaillit l'agir, telle la lave du volcan.

En toute action, réside l'inaction. C'est l'inaction qui donne vie à l'action. Mais l'inaction est aussi peu visible que ne l'est l'espace qui habite le vide.

La conscience, unité intrinsèque de l'être, est omniprésente. Partout et nulle part, elle anime toute forme, sans n'être liée à aucune. Elle est omnipénétrante, dans la mesure où rien ne lui échappe, comme l'eau qui emplit tous les recoins du vase.

Une action qui émane de la conscience a les caractéristiques de l'eau, par sa fluidité, son rythme et sa musique, de la terre, par sa stabilité, sa fermeté et sa densité, de l'air, par sa légèreté, sa transparence et sa grâce, et du feu, par son intensité, sa force et son pouvoir.

Une action qui émane du moi, reflet de la conscience, possède ces mêmes qualités, mais atténuées et déformées. Souvent chaotique, elle nourrit la réaction et l'agitation. Epaissie par le poids des mémoires et des attentes, elle maintient la peur du résultat et l'avidité du manque.

L'écoute sait reconnaître le bon grain de l'ivraie. Elle entend le silence immanent dans l'action issue de la conscience, et le bruit et les frottements propres aux gesticulations du moi.

La méditation est en l'action, fil invisible qui anime et soutient le geste. L'action est en la méditation, conscience en laquelle apparaît et disparaît le monde.

Lorsque le fil de la méditation est maintenu dans le cours de l'action, celle-ci respire dans les hautes sphères de l'inspiration, prenant son souffle là où le moi n'est pas, le rejetant dans les mondes multiples et foisonnants. La matière est ainsi animée, vivifiée et transformée par l'impact foudroyant du silence paisible de la méditation.

De la forme au sans-forme, et du sans-forme à la forme, méditation et action s'enchevêtrent comme un écheveau dont le fil d'or émerge dans l'absolu de la conscience unitive. En le suivant, vous vous perdez. En vous perdant, vous vous trouvez.


Jean-Marc Mantel                        

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